Après quelques 2500 kilomètres de vadrouilles dans un utilitaire rempli de bombes aérosol et d’outils de création picturale afin de réaliser un ou plusieurs grands tableaux au Maroc, c’est un long trajet où nous avons pris le temps de mûrir nos futurs  projets et notre arrivée à Rabat. 

Après avoir traversé l’Espagne, passé la frontière pour aller au Portugal supporter notre équipe nationale, rencontré beaucoup de pluie, faire des dizaines de graffitis d’adolescents, manger des repas plus ou moins bons, à des heures plus ou moins raisonnables, penser à nos chiens laissés en France. 

Après des moments de silences, de rires, après plusieurs grosses heures à la douane marocaine (soit disant que nous avions un produit à caractère commercial), après des heures de négociations, des textos, des coups de téléphones… Après des cafés, du bowling, des saucisses, des heures à écouter les mêmes pistes audio en boucle…

D’un coup comme par magie nous voilà à Rabat, capitale du Maroc. C’est notre première fois dans ce pays et c’est même notre premier voyage hors Europe et sur le continent africain pour réaliser des fresques. Nous ressentons vraiment la différence sur nos deux premières heures sur l’autoroute. 

La première intention qui a décidé ce voyage était d’aller à Khénifra pour rendre visite à la famille IDOUAHMANE et surtout assister au mariage de nos amis, Jalila et son mari (avant d’y aller il ne l’était pas encore) notre pote Michael Jamel… Et du coup nous voilà convaincu pour en profiter au maximum et rendre visite à plusieurs murs, plusieurs écoles, plusieurs gens.

Jalila nous met assez rapidement en contact avec Julie Clément, photographe française qui vit à Rabat depuis plusieurs années avec sa petite famille. Le contact se fait doucement mais sûrement plusieurs mois avant de partir. Nous recherchons des endroits depuis la France puis Julie aussi de son côté puis elle est vite devenue notre « manager » elle rencontre plusieurs personnes et nous voilà à la quête de lieux où nous pouvons partager notre art auprès des locaux, des enfants dans des écoles, autour d’associations… En laissant peut être place à l’improvisation, de nombreuses choses commencent doucement à se dessiner.

Première chose, nous rencontrons à Casablanca Yassine et sa compagnie de cirque ColoKolo ainsi que Tarek régisseur des anciens abattoirs de Casablanca, travaillant pour Casa mémoires. A ce moment là nous savons que nous irons réaliser une fresque le week end après notre arrivée sur un des murs des anciens abattoirs, plus précisément le mur du bâtiment de la fourrière des animaux.

Mais avant ça rendez vous à Salé.

Nous rencontrons Driss Benabdallah dans son hôtel restaurant Le Piétri à Rabat, il est directeur de plusieurs écoles. Il nous fait vite confiance, un homme simple, passionné de musique jazz, généreux et plein de fougue. Nous savons d’ores et déjà que tout va bien se passer. Il avait déjà débloqué notre retenue à la douane. Et donc voilà, c’est clairement parti pour le premier projet dans cette école privée de Salé, l’institution Mohamed Benabdallah, créée par le grand père de Driss. 

Salé est une ville collée à Rabat. Simplement à quelques kilomètres en voiture et plusieurs minutes en tram. C’est une ville très populaire, sa médina, que nous avons eu la chance de voir dans des circonstances particulières, est très typique.

L’école nous plait, nous sommes très bien reçus et le premier thé à la menthe guide très vite notre inspiration.En collaboration avec Julie Clément, photographe, nous utilisons une de ses photographies pour la réalisation de cette peinture. Julie couvrira l’évènement en réalisant un reportage photographique sur notre séjour. L’élément figuratif, au cœur de la fresque représente une petite fille plongée dans ses songes…

Au-delà des frontières, notre démarche est de s’ouvrir sur le monde. Le rêve est l’essence même du voyage et une manière simple de s’évader. Il est accessible par tous, quels que soient nos origines, le milieu dans lequel on vit, dans lequel on grandit et, il reste une des seules choses gratuites dans le monde. Forcément les idées diffèrent selon l’endroit où l’on posera la question du rêve.

Nous voulions faire une peinture simple avec une énorme participation de la part des élèves. Nous réécrirons alors les 1200 prénoms de nos graines d’artistes et leurs rêves communs récoltés par les délégués de classe.

Nous sommes venus au Maroc avec, comme à notre habitude, une soif de partage, de rencontres et toujours une démarche de proximité. L’art doit être présent partout et accessible pour tous. Certaines personnes ne vont ni au musée ni dans des galeries d’art, mais est-ce que ça veut dire que cet art ne pourrait pas venir à eux ? Si nous posons la question à Driss, voilà ce qu’il en dit :  » La culture reflète le niveau de développement d’une nation. Encourager l’art à l’école est essentielle pour que nos élèves puissent s’exprimer librement, rêver, s’ouvrir sur le monde… »

 Pour une deuxième petite partie dans l’école nous avons eu la chance de rencontrer et collaborer avec un calligraphe arabe, une expérience top.

La seule chose qui nous a déçus en fait c’est que ça s’arrête. Nous avons vraiment passé des moments extraordinaires en compagnie d’enfants (1200 vous imaginez) avec toujours le sourire, un énorme respect de leurs professeurs, un respect total du lieu dans lequel ils étudient et des enseignants au top.

Nous pourrions écrire un livre pour raconter des anecdotes. Et nous avons été très touchés par tous les cadeaux, les mots, les dessins, les bonbons, les goûter… Bref tout.

 Nous tenons à remercier de tout notre cœur tous les gens qui ont participé à cette fresque de près ou de loin, ça reste une oeuvre collective et là on était nombreux.

Merci dans un premier temps à Julie Clément, tu as été extraordinaire et tout le temps que tu as passé avec nous on ne sait pas comment on pourra te remercier un jour, (peut être en te laissant tranquille). Merci pour l’accueil, pour ta petite famille. On se revoit encore tous les trois dans la voiture slalomant entre gendarmes, ânes et avec ton sens de l’orientation et ton GPS marocain. 99 % des photos de cet article c’est elle qui les a faites et si vous voulez (c’est obligatoire en fait) vous pouvez visiter son site www.julieclement.fr

Un énorme merci à Driss Benabdallah, pour tout ce que tu as fais pour nous, pour ton accueil, tes murs, tes écoles, les tapas, les restos, le coca, la bière et le panaché quotidien, merci encore pour les tenues traditionnelles au mariage on était (presque) plus beau que le marié et le père et la grand mère de la mariée ont validé.

Merci au directeur pédagogique ……. et à la directrice Nazha Nyazi vous êtes les meilleurs que nous avons jamais rencontrés. Vos élèves peuvent être fiers de vous et d’être dans une école comme la vôtre. Merci pour vos sourires, les moments que nous avons partagés. Vous nous donnez la force de continuer ce qu’on aime faire.

Merci à tout le staff technique, les chauffeurs de bus, les professeurs, les femmes de ménages, les maçons, le calligraphe, les restos, les cuisinières, tous les enfants de la plus petite classe, aux plus âgés, à la cours de récré, aux cours de sport, à l’informaticien, aux parents d’élèves… Tout le monde.

La première étape Salé est malheureusement terminée mais nous sommes très heureux d’avoir réalisé cette fresque dans votre école et nous comptons sur tous les élèves pour la faire perdurer au maximum et inch allah si tout se passe bien quand ils amèneront leurs enfants et petits enfants à l’institut Mohamed Benabdallah, Houloum sera toujours là avec son regard rêveur.

خلال رحلة طويلة و بعد حوالي 2500 كيلومتر في سيارة تعج بمختلف أدوات الرسم قصد تحقيق جدارية أو أكثر في المغرب ، رحلة كانت حيزا زمنيا كافيا لتنضج خلاله مشاريعنا المستقبلية قبل الوصول إلى وجهتنا الرباطخلال رحلتنا هذه عبرنا إسبانيا ثم حدودها للذهاب إلى البرتغال ـ في جو يغمره المطر ـ لندعم منتخبنا الوطني ، رسمنا العشرات من الجداريات ، تناولنا وجبات أحيانا طيبة و أحيانا أقل لذة خلال أوقات معقولة و أحيانا أقل عقلانية ،كل ذلك و نحن نفكر بكلابنا التي خلفناها وراءنا في فرنسا.

بعد لحظات من الصمت و من الضحك، وبعد عدة ساعات طويلة في الجمارك المغربية

(بمبرر أنه كان لدينا منتج تجاري)، بعد ساعات من المفاوضات، الرسائل النصية، والمكالمات الهاتفية

بعد القهوة، والبولينج وساعات من الاستماع إلى نفس الأغاني مرارا و تكرار فجأة كما لو كان الأمر سحرا وصلنا في الرباط، عاصمة المغربهذه هي المرة الأولى لنا في هذا البلد و أول سفر لنا خارج أوروبا لتحقيق جدارية بالقارة الأفريقية .شعرنا حقا بالفرق أول ساعتين على الطريق السريع.

النية الأولى لهذه الرحلة كانت الذهاب الى خنيفرة لزيارة عائلة إدوحمان وخاصة حضور زفاف أصدقائنا، جليلة وزوجها (قبل الذهاب لم يكن مايكل جمال صديقنا بعد)… وفجأة ها نحن واثقون من تحقيق الاستفادة القصوى وزيارة العديد من الجدران، والعديد من المدارس، و لقاء عدة أشخاص.

سرعان ما ربطت جليلة تواصلنا بجولي كليمنت، وهي مصورة فرنسية تقيم في الرباط منذ عدة سنوات مع عائلتها.

جرى الاتصال بهدوء و ثبات عدة أشهر قبل السفر من جهتنا كنا نبحث عن أماكن للإقامة من فرنسا وجولي من جهتها تبحث في المغرب ثم أنها سرعان ما أصبحت « مديرة أعمالنا » و التقت العديد من الناس .

وها نحن نبحث عن الأماكن التي يمكن أن نتقاسم فيها فننا المحلي مع الأطفال في المدارس، مع الوسط الجمعوي مع ترك مجال للارتجال، كل هذا جعل أشياء كثيرة تنشأ تدريجيا.

في البداية التقينا ياسين في سرك كولوكولو و طارق محافظ المسلخ القديم بالدار البيضاء اللذان يعملان من أجل ذاكرة المدينة في هذا الوقت عرفنا أننا سنرسم جدارية بالمسلخ و تحديدا جدران محجز المواشي خلال عطلة نهاية الأسبوع. .

لكن قبل ذلك كان لنا موعد بسلا.

نلتقي إدريس بن عبد الله في مطعم فندقه البيتري في الرباط، وهو مدير لعدة مدارس كذلك منحنا ثقته بسرعة .رجل بسيط ،سخي و مولع بموسيقى الجاز.

نحن نعلم بالفعل أن كل شيء سيكون على ما يرامفقد سبق أن استصدر بالفعل مواد الرسم التي احتجزت في الجمارك .

توضحت الرؤية و انطلقنا في مشروعنا الأول بمدرسة محمد بنعبد الله الخصوصية بسلا ، و هي مؤسسة أسسها جد إدريس .

 

سلا مدينة مجاورة للرباط تفصلهما بضع كيلومترات بالسيارة و بضع دقائق بقطار النقل الحضريمدينة شعبية جدا كانت لدينا فرصة جد مدينها العتيقة في ظروف خاصة .

أعجبنا بالمدرسةاستقبالنا بالشاي المنعنع حفز إلهامناو قد تبنينا صورة فتاة صغيرة في عمق الأحلام من مجموعة جولي كعنصر رمزي في تحقيق هذه الجداريةعملت جولي على تغطية النشاط طوال إقامتنا.

 

ما وراء الحدود، نهجنا هو الانفتاح على العالمالحلم هو جوهر السفر و وسيلة سهلة للهروبهو في متناول الجميع، بغض النظر عن أصولنا، والبيئة التي ننشأ و نعيش فيها الحلم يبقى واحد من الأشياء المجانية القليلة في العالمومن الواضح أن الأفكار حول مسألة الحلم ستختلف تبعا للمكان.

أردنا أن نرسم لوحة بسيطة بمشاركة كبيرة من الطلابكتبنا 1200 اسم لبذور رسامين في المستقبل كما كتبنا أحلامهم التي جمعناها بمعية ممثلي الأقسام.

جئنا إلى المغرب ، كالعادة، متعطشين للتقاسم واللقاء و كالعادة نهجنا مبدأ القرب.

هدفنا أن يكون الفن في كل مكان وفي متناول الجميعبعض الناس لا يذهبون إلى المتحف أو المعارض الفنية، ولكن هل يعني ذلك أن هذا الفن لا يمكن أن تأتي لهم؟

إن وجهنا السؤال على إدريس كان جوابه كالتالي:

« الثقافة تعكس تطور الوطنتشجيع الفن في المدارس ضروري ليستطيع أطفالنا التعبير بحرية، ليحلموا، لينفتحوا على العالم. »

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