Nous sommes très heureux de vous présenter notre dernière peinture en collaboration avec « L’Atelier », cinéma de Gramat et la ville de Gramat.
Nous pouvons ici presque dire que nous travaillons à domicile même si nous connaissons très peu cette ville. Nous sommes très exactement à 20km de Saint-Céré, là où nous avons grandi. Gramat est sur la route de Toulouse en venant de chez nous, alors on y passe sans cesse et bizarrement on ne s’y arrête pas. Cette fois nous n’avons pas eu le choix, et nous sommes très heureux de rectifier le tir. Maintenant, lors de nos longs trajets nous ne passerons plus ici avec la même attention mais simplement avec une senteur agréable et des souvenirs plein la tête.
Lundi 25 Mars 2019 à 18h nous posons enfin nos valises pour quelques jours au cinéma de Gramat. Nous étions venus auparavant plusieurs fois afin d’anticiper et de réfléchir à un visuel, une image, une thématique. Pour cela nous avons réalisé plein de photos dans ce cinéma. Nous voulions tester différents univers afin de sortir le meilleur de notre recherche. Nous avons essayé avec Andy l’aspect technique du cinéma. Lors d’une après-midi, ce jeune vieux projectionniste, grand passionné par son métier nous a montré plein de facettes qui malheureusement n’existent plus. C’est alors qu’il a fait fonctionner pour nous les anciennes machines, il a sorti des vieilles bobines, sa collection de vieux films… Un moment de partage aussi riche qu’impressionnant. En tant que passionnés nous sommes toujours intrigués et intéressés par les passionnés comme nous. Puis quelques mercredis après, nous sommes revenus dans la salle pour prendre des photos de jeunes gramatois dans plusieurs situations différentes. Nous avons voulu essayer tout ce qu’il pourrait se passer dans un cinéma : seuls, accompagné, amoureux, entre potes, en train de manger des bonbons ou des pop corn… et tant de combinaisons possibles qu’il n’y a de fauteuils dans le cinéma. C’était important pour nous de faire ce « shooting » ici pour que les spectateurs fassent le rapprochement et sentent une certaine proximité. Nous étions plutôt incertains avant cette après midi là mais lorsque nous sommes repartis, nous savons que nous détenons la photo qui nous servira pour la fresque. Nous avons laissé reposer tout ça et serons rapidement très heureux de ce que nous allons faire. Cette image colle parfaitement avec la thématique que nous voulons aborder, le cinéma bien sûr mais aussi le fait d’y aller à deux, en couple, de trouver aussi un prétexte pour y aller avec quelqu’un, quand on est jeune, faire de ce lieu un prétexte pour passer un moment. Rien n’est écrit au cinéma. On y va… C’est un endroit de partage et d’échange. Le 7ème art a une place importante dans la culture et la culture populaire. Pour élargir notre vision, en savoir plus sur les habitudes des gens, leurs envies, leurs souvenirs, nous nous sommes posés plusieurs questions. Ces questionnaires ont été distribué lors des différentes rencontres ou à l’accueil du cinéma. Comme à chaque fois, toutes ces réponses nous aident à construire notre fresque. Très souvent nous y trouvons une phrase ou un titre. Par la suite nous mettons tout ici sur notre site ainsi que sur un cartel au pied du mur. Merci à toutes les personnes qui, de la part leurs contributions, ont participé à la réussite de cette peinture.
Voici toutes les questions et les réponses.
> Cette image vous rappelle-t-elle un moment de votre vie ?
Pour moi cette image me rappelle le cinéma lors de l’adolescence, quand tu y vas mais que tu t’en fous du film, que de toute façon tu ne te souviens même pas des images tellement tu étais concentré par ton « rencard », par ton coeur qui bat la chamade, les mains moites, que t’es pas là pour voir un film mais bien pour vivre un truc avec quelqu’un. Je pense que ces sorties au cinéma évoluent avec le temps et dans la relation mais que l’idée quand on y va en couple reste la même : passer un moment ensemble, hors du temps, dans une espèce de fausse intimité, où les émotions sont décuplées. On fait une pause, on se pose et on est juste ensemble.
Mon premier Flirt pendant la projection de « Lawrence d’Arabie » en 1966
Interne à Rodez jusqu’en Terminale, les hivers y sont froids. Nous aimions, lors de nos quartiers libres les mercredis après midi, nous enfermer dans les cinémas. C’était des lieux pouvant nous permettre de partager un peu d’intimité avec nos petites copines respectives même si nous y allions toute une bande . A la sortie nous pouvions échanger sur nos divers ressentis du film.
Ça ne me rappelle absoluement rien.
Tout ce que l’on peut vivre de tendresse et complicité avec une sœur, un frère.
Cette image renvoit aux amours adolescentes, un peu gauches ou timides. Elle est très émouvante car elle incarne pour nous des temps révolus par nombre d’entre nous. Elle évoque la tendresse et la pureté de cet âge en amour, les premiers émois amoureux, la découverte de l’autre, les premières fois.
Aucune et ça m’a l’air un peu triste.
Seuls au monde dans une salle obscure, pour partager et s’épauler si la frayeur s’installe.
Oui lorsqu’au collège nous devions assister une fois par mois à une séance de cinéma à Paris. un jeudi, tous en bande, munis d’un casse-croute, nous prenions le métro pour nous rendre au Grand Rex
où le cinéma à cette époque pouvait être permanent… Quelques fois, pour certains les corps se rapprochaient pour vivre ensemble les émotions les plus fortes et nous rassurer…
Actuellement et avec les années, le cinéma est devenu une démarche assez solitaire (dixit Benoît Jacquot)… C’est comme une aventure, un échange de sensations, d’émotion et d’analyse entre ce qui est montré et ce que nous éprouvons nous même… Parfois dans une salle, on peut ressentir les réactions des spectateurs… le rire, l’angoisse, la réprobation…
> Pour vous, aller au cinéma en couple est il quelque chose de romantique. Pourquoi ?
Compte tenu de nos cheveux blancs et de notre état de retraité, le Cinéma est une ouverture sur la culture. Et un bon passe temps.
La complicité, l’envie de partager, de faire découvrir un style qu’on aime et que l’autre ne connaît pas
Aller au cinéma en couple est vraiment quelque chose de romantique permettant de pouvoir partager un moment culturel et échanger sur le contenu du film. Il est souvent très agréable de continuer l’histoire et imaginer une suite lorsque l’on est resté sur sa soif.
Ce n’est pas du tout romantique. Aller au cinéma en couple, c’est pour avoir un interlocuteur avec qui discuter après le film. Ado, je n’allais jamais au cinéma avec un copain.
Partager les sensations, échanger les impressions et renouveler l’expérience.
Aller au cinéma en couple peut être romantique mais pas à tout coup. Cela dépend du couple, de l’autre, du moment, du film visionné. La magie de l’instant à deux peut opérer au cinéma ou pas. Elle peut opérer avec un couple et pas un autre. Il m’est arrivé d’être romantique en couple mais rien n’est jamais écrit. Si le romantisme existe dans le couple, il me semble que le cinéma n’est pas forcément son meilleur révélateur.
Ça dépend du film et de son genre.
Non ce n’est pas romantique mais c’est un moment convivial où l’on partage le même spectacle avec parfois deux visions différentes et souvent la même appréciation.
Ce n’est pas de l’ordre du « romantique » mais du partage. On se nourrit d’un même sujet et on partage (ou pas) une même émotion.
Le romantisme a soixante ans n’a pas la même saveur, mais quel bonheur de partager des émotions devant le grand écran.
> Pourquoi allez vous au cinéma ? Développer.
De tout temps, par goût.
L’évasion, le rêve, la découverte, vivre des émotions, se laisser emporter dans un autre monde, se glisser dans une histoire.
J’adore l’effet amplifié du grand écran: les émotions, les larmes, les rires… C’est comme un cocon, une bulle, un moment que rien ne vient perturber.
Le cinéma est un moment non seulement de détente mais aussi culturel où l’on peut ramener beaucoup de films sur la vie quotidienne mais aussi sur les événements qui nous entourent. Cela nous permet souvent de se remettre en question et surtout de réfléchir et de débattre sur le thème abordé.
Je vais au cinéma pour vivre de nouvelles expériences et pour qu’on me raconte une histoire qui me fasse réfléchir ou rire ou pleurer. J’y vais aussi pour apprendre et découvrir. (Documentaires)
Enfant de divorcés ayant eu trois beaux pères, ce fut d’abord pour m’évader. Ensuite j’y ai pris goût… J’ai fait de la figuration, des silhouettes par plaisir et voir de près le travail des réalisateurs purs ce fut une addiction comme d’autre avec le tabac, l’alcool… Un besoin effréné de voir, consommer des films de genre différents.
Aller au cinéma a été mon passetemps favori il y a des années maintenant. Tout à la fois pour me divertir, m’instruire, me faire rêver, voyager, apprendre sur l’autre, les autres, me dépayser, m’évader, partager.
Je vais au cinéma pour le grand écran, le son, en fait pour ce que l’on n’a pas chez soi devant le petit écran.
J’aime aller au cinéma, car les émotions procurées par le film sont déculpées par le grand écran et le son qui me font me sentir dans le film. Le côté ampathique est exacerbé par tout ça.
Je vais au cinéma pour m’évader, m’émerveiller parfois, m’indigner aussi, voyager, me divertir, éprouver de l’émotion.
Pour travailler.
Pour moi, le cinéma c’est la vie… c’est une fenêtre sur la vie… /Une portion de vie jouée, rejouée, vue, revues pour nous enrichir et nous faire avancer dans la vie, pour aussi, nous faire comprendre la vie.
> Un film, une scène, un moment, une anecdote… Racontez nous quelque chose en lien avec le cinéma qui vous a marqué.
Le final du Film Midnight Express, L’aveu.
Mon amour qui me serre contre lui, émue par cette fin de film qui me retourne, qui rappelle à soi l’amour qu’on a pour nos proches ou cette chanson si touchante dont les paroles ont tant de sens en moi.
(Demain tout commence et I’ll never love again dans A Star Is Born)
Ma petite anecdote sur le sujet : en vacances avec un couple d’amis, nous décidons de nous faire un ciné. Ce soir là à l’affiche, le dernier film d’animation du moment. Fiers du haut de nos 25 ans de moyenne, on hésite un peu d’aller voir un dessin animé… mais on y va. Et puis…. on se fait totalement embarquer, on est chahutés, on est bouleversés, touchés, submergés par cette histoire. Les lumières se rallument, on ne se parle pas, on se retrouve tous les 4 sur le trottoir devant le ciné, les yeux bouffis, les joues pleines de larmes, la goutte au nez. On s’est regardés, on s’est souris, et puis on a dit qu’on était trop cons de chialer comme des gosses pour des conneries. Ce film s’appelle « Là Haut », et depuis ce jour il a une saveur particulière, une place unique dans nos coeurs. Cette soirée restera pour toujours gravée dans nos mémoires. On s’en est pas vantés mais on sait tous les 4 que ce soir là on a ressenti les mêmes émotions et que ce que nous avons partagé ne s’explique pas; parce que ceux qui savent savent
Une certaine rencontre me rappelle le film de ROCKY IV relatant le combat de Rocky contre le russe Drago. Ce sont 2 personnages diamétralement opposés. Le 1er est américain avec un entrainement physique et sportif sain et dans la nature. Le 2ème, russe avec un entrainement dopé et préparé physiquement comme une machine de combat. Ce combat se passe en Russie avec un public conquit à leur champion mais Rocky par son courage et sa persévérance a su le ramené à sa cause et faire basculer le gouvernement et le peuple russe pour lui. Un moment magique, un moment que j’apprécie.
J’hésite entre « Hiroshima mon amour » et Emmanuelle Riva qui répète « Tu me tues, tu me fais du bien » et « les enfants du paradis » une scène muette entre Arletty et Jean-Louis Barrault après leur première nuit.
Tant de films m’ont marqué. J’aurais voulu avoir plusieurs vies pour voir tous les films existants lire tous les livres captivants ou pas.
« M le Maudit » de Fritz Lang : ce film expressionniste allemand a été pour moi l’un des plus marquants, par son sujet, ses décors et ses acteurs tous marqués par une extrême noirceur et une tension crescendo jusqu’au dénouement. Le contexte de la montée du nazisme en Allemagne n’est pas pour rien de mon intérêt pour ce film. Si vous ne l’avez pas vu faites le !!!
Le film « Les enfants du marais » m’a beaucoup marqué, en premier lieu pour le film, et parce que c’était la première fois que j’allais au cinéma l’Atelier.
Bizarrement je me rappelle plus des films et des moments où j’ai été émue aux larmes que les films amusant. Je me rappelle avoir été en larmes devant : « L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux » ou « Million Dollars Baby ». Après le film, une commerçante m’avait demandé si j’allais bien.
Les bandes annonces commencent et je me rends compte que dans celle qui passe il y a celle du film que je vais voir. Je m’étais trompé de film.
Parfois, il me faut marcher pour évacuer les émotions, la tension… et pouvoir parler.
« Chassez le naturiste, il revient au bungalow. » est une phrase qui m’a toujours fait rire. (Film : camping pas terrible du reste.)
Je n’ai jamais pleuré au ciné. Jusqu’au jour où (en couple) je vais voir le film Le déclin de l’américain. » Pourquoi ? Je ne sais plus ce n’était pas vraiment le style de film que j’allais voir au ciné. Le film commence et traite, en filigrane, du décés, de l’agonie de leur père à cause d’un cancer et l’histoire montre les relations entre fils, les sentiments, la perte. Je venais de perdre mon père d’un cancer, et j’étais ce fils devant un lit d’hopital. Cette séance fut éprouvante. Je crois même être parti avant la fin. Ça m’a bouleversé. Maintenant je suis beaucoup plus « sensible » devant un film. Je n’ai jamais revu ce film.
Après la projection de « La vie est belle. » de Roberto Begnini, noués par l’émotion, aucun mot ne pouvait sortir de notre bouche ! Bien secoués.
Mon premier film au cinéma : « Les quatre filles du Docteur March » de Mervyn LeRoy avec Janet Leigh et Elisabeth Taylor (1949) que j’ai vu dans les années 50. Mon père m’avait emmené voir le film, qui est très loin d’être un chef d’œuvre, dans une démarche d’ouverture à la culture du 7ème Art… j’avais beaucoup pleuré…
Cela a été le début d’une passion, toujours aussi forte à ce jour.
Encore merci pour ces échanges si précieux à nos yeux.
Enfin nous tenons à faire plusieurs remerciements car on sait dans ce genre de projet comment tout le monde à une place précieuse et indispensable dans le projet.
Merci Handy et Greg, les big boss du ciné !!! Merci dans un premier temps de nous avoir contactés et d’avoir soufflé votre envie pour nos compétences d’artistes et en plus d’artistes locaux. Nous sommes vraiment hyper fiers d’avoir partagé cette aventure avec vous. Vous êtes tous les deux passionnés et ça ça n’a pas de prix. La ville de Gramat à une chance énorme de vous compter parmi leurs effectifs. On passera de temps en temps pour faire un petit coucou ou se matter un film.
Merci à la mairie de Gramat, Emmanuelle Vieillevigne notre interlocutrice, merci de nous avoir fait confiance pour ce projet et nous avoir donné l’opportunité de réaliser une fresque dans la ville voisine de celle qui nous a vu grandir. De plus c’était notre première dans un cinéma, nous sommes très heureux que ce soit ici.
Merci à Romain, Tom et tout l’espace jeune, tous les jeunes qui sont venus nous voir et qui nous ont aidés lors de cette belle séance photo dans la salle de ciné.
Nous tenons à remercier aussi toutes les personnes qui ont fait le déplacement à la conférence ainsi qu’au vernissage. Vous êtes notre force et c’est toujours un immense plaisir pour nous de partager nos aventures et d’avoir vos retours. Merci à toutes les personnes que l’on connait qui sont passées nous voir. Merci Jp et Mathé, Françoise et Libertad, Françoise et Michel, Plume, Marine et ses parents, nos supporters et fidèles, Annabelle, Claire, Marie, Julie, Romain et Louisa, à tout le personnel de la cantine et toutes les personnes avec qui nous avons mangé le midi. Merci infiniment à Carole et toute son équipe.
Enfin, nous sommes désolés si nous oublions des gens mais le cœur y est. Une fois de plus nous avons passé une belle semaine et vécu hors du temps une expérience artistique enrichissante.