Lors de notre tournée de noël fin 2014, nous avons fait un mini tour de France sans vélos ni maillot jaune mais avec un jumpy et des grosses doudounes. Nous nous sommes arrêtés une semaine à Limoges mi décembre, où, au Cultura nous avons rencontré Olivier qui nous avait donné rendez vous au sud de la ville pour visiter un hangar bien particulier. Nous ne savions pas encore avant de rentrer dans celui ci que nous franchirions la porte du paradis et que celui ci existait. Nous nous retrouvons alors dans beaucoup de m² et noyé au milieu de dizaines de jeux pour enfants qu’il est impossible d’explorer en une après midi. Le big boss, cherche alors des « tagueurs » pour refaire un mur dans cet espace. Tout a été déjà graffé il y a quelques temps mais il y a un mur qui ne correspond plus à l’environnement. Nous acceptons donc ce projet mais comme à notre habitude il ne nous faut pas de contraintes particulières au niveau du visuel et juste nous faire confiance. Depuis fin décembre, on sait donc qu’on sera présent aux alentours de mars pour réaliser cette fresque à Limoges.
Nous voyons alors nos yeux s’illuminer au milieu des sodas en tout genre et des kinders surprises. Notre cœur s’emballe, on a 8 ans, et à vrai dire ce n’est pas beaucoup plus que d’habitude. Notre plus grosse fierté aujourd’hui c’est que notre métier nous permet de vivre chaque semaine des trucs différents, des expériences nouvelles, de partager de nouvelles choses, avec de nouveaux gens. Et cela n’a pas de prix. Au moment où nous allons publier cet article, où vous aller le lire, nous sommes en tournée avec un groupe de musique qui s’appelle Fauve, puis bientôt dans une prison, une maison de retraite, ou encore une école maternelle, autant de projets que d’envies, autant de vies que de projets réalisables.
Après notre folle semaine parisienne et la réalisation de la fresque Les Hautes Lumières, après quelques heures de route, nous sommes bien arrivés le mardi soir à Limoges. Hébergé dans un hôtel au nord de la ville, il est tard, après cinq minutes la première boulette arrive. Rémi rentre dans sa chambre, ressort en serviette, la porte se claque. C’est toujours cool ces petits trucs à 3h du mat quand tu te lèves 4 heures après, on appelle quelqu’un de l’hôtel et on a vu dans ses yeux et son sourire, « avec ces deux là on va pas s’ennuyer cette semaine ».
Avec deux jours de retard sur le timing annoncé, nous voilà proche de cette nouvelle réalisation et cette fois ci dans un parc de jeux pour enfants, Toboggan et Compagnie. Une quinzaine de jours avant, nous avions réalisé une peinture dans une chambre d’hôte et rencontré toute une famille. Georgia est la cadette de cette famille et correspond parfaitement à ce que nous aurions besoin comme « mannequin »pour réaliser ce projet. Nous avions fait plein de photos mais pas encore sélectionnée celle que nous voulons représenter. Le mercredi on se retrouve alors avec Olivier, le patron, pour se refaire un dernier point avant le commencement des travaux. Le mercredi après midi, les enfants viennent dans le parc. Nous ne pouvons donc pas commencer directement mais nous avons du travail au préalable et c’est très important de s’imprégner du lieu avant de commencer. Petite pause à l’hôtel puis nous nous installons tel des écoliers studieux à une table du parc afin de préparer le projet et pouvoir commencer à 19h précise à la fermeture des portes.
Tout le monde est parti, il n’y a plus que nous. Il est difficile d’imaginer un lieu comme celui ci sans cris, sans chahuts, courses et bagarres perpétuelles, sans pleurs, sans sourires, sans vie tout simplement. Et avec cette peinture, notre but premier est de faire retranscrire cet état d’esprit. Nous commençons alors à tracer nos zones et prendre nos repères sur ce grand mur. Titia qui gère ce Toboggan et Compagnie, car il y en a un autre en zone Nord, passe du temps avec nous et nous découvrons au fil des jours une belle personne. C’est marrant parce qu’ à chaque fois qu’on arrive sur un nouveau truc, on se dit presque cela va être dur d’égaler le projet précédent puis à chaque fois on se dit, putain c’est encore mieux, un mélange de nouveauté, d’excitation et d’envie de découverte plutôt prenant. Nous avons fait tous les soirs des repas différents, à l’extérieur ou livrés sur place, et on a mangé des trucs de ouf, notamment dans un restaurant hors du commun, la table du bistrot.
Cette semaine dans le limousin nous a fait énormément de bien. En revanche, un truc que nous avions pas pensé et qui a été très dur à gérer pour nous, c’est que en plus de cette grosse fresque, il a fallut qu’on teste (obligé) tous les jeux qui nous entourent et goûter à chaque friandise. C’est donc très dur de se concentrer, entre le labyrinthe, la piscine à boule, le toboggan six couleurs, l’autre toboggan double bosse, les motos électriques, les deux trampolines, la discothèque, la piste de luge, les cabanes à légos, le petit terrain de foot et moult outillages de bonheur pour pré pubère et tout petit. Le dernier soir on a même eu l’occasion de débrider les bécanes et on peut vous dire clairement que c’était très difficile de se canaliser sur notre travail.
Après 25 tours de mobylette, 14 cocas, 240 paquets de crocodiles et 96 kit kat, c’est à 5h du mat que nous achevons cette belle expérience qui nous savons sera classée dans le top 10 pour 2015 alors que nous sommes que tout début avril et que nous, nous connaissons ce qui arrive pour la suite. Nous sommes très fier de cette expérience, elle nous aura permis de découvrir un nouvel univers et de collaborer avec de belles personnes.
Le dimanche avant de partir pour Caen et attaquer la tournée des nuits fauves, nous nous sommes retrouvés dans une famille exceptionnelle et ce moment vaut la peine que nous écrivions quelques lignes dessus car il restera gravé dans nos mémoires et ne s’arrêtera pas là c’est sur. Le vendredi nous recevons un message sur facebook, d’une personne de sexe féminin qui nous invite à déjeuner dans sa petite famille. En fait le message disait, « coucou les gars si vous voulez passer à la maison voir deux enfants fan de vous, un papa qui adore le graff et une maman qui fait du bon café vous êtes les bienvenus. » Nous avions vu cette « jeune dame » à Cultura et elle nous avait acheté des prénoms pour ses enfants à noël. Le rendez vous est donc pris chez ces gens que nous ne connaissions absolument pas. Enfin le rendez vous ce n’est pas le terme exact, mais nous savions que nous irions déjeuner chez eux. Et nous nous retrouvons très rapidement dans une atmosphère que l’on affectionne particulièrement. On s’était dit on reste une heure puis on décolle, on a de la route, tout ça tout ça… Et en fait à 16h on était encore chez eux. Ils s’appellent Jessica et Julien, mais on les appelle rapidement Jess et Jule et les enfants c’est Gabin et Nono. C’est ouf car le petit Nono est ému de nous rencontrer, mais c’est vrai on ne dit pas ça pour se la péter ou autre, c’est comme ça. On le rassure, lui parle un peu, il reproche même à son père de trop parler. On lui dédicace un bouquin, il est aux anges. On mange, on discute puis on se rend compte qu’avec Julien on est pareil, on a la barbe, on kiffe les sneakers, on aime le rap, on rigole, on est bien. On se raconte des anecdotes, l’histoire de leur couple est folle. C’est sur que ce sont des gens qu’on reverra, et ils peuvent compter sur nous, on est pas près de les oublier. En vrai quand on est monté dans notre voiture, on s’est dit ce mec c’est notre pote, sa femme c’est notre pote, ses enfants c’est comme nos neveux. On pensait pas qu’on pouvait se faire un pote en si peu de temps et en plus par le biais de sa femme qui ramène deux garçons à la maison. ça partait bizarre sur le papier quand même. Bref, quoi demander de plus pour finir ce beau périple dans le limousin. On repart les poumons remplis d’air frais, le coeur gonflé à bloc, plein d’énergie pour la suite et cette nouvelle aventure.
Mais avant de repartir on a une dernière chose à faire, on a fait croire à Titia, qu’on était désolé, qu’on ne pourrait pas passer lui dire au revoir, qu’on était à la bourre. Mais il faut qu’on y aille. La prendre une dernière fois dans nos bras et lui dire qu’on a adoré cette rencontre et que c’est une belle personne. Parfois on regrette de ne pas dire sur le moment ce qu’on pense. Au moins nous on essaie de le faire. C’est donc l’heure des derniers poutous, le moment des accolades. Nous regardons une dernière fois notre fresque, il est l’heure, il faut qu’on s’en aille.
Limoges fut une très belle étape de ce mois de mars.
Nous tenons donc à remercier dans un premier temps Olivier, le grand patron et fondateur de Toboggan et Cie Limoges, merci pour tous ces bons moments, merci surtout de nous avoir fait confiance. On est conscient que ça peut parfois être difficile de bosser avec nous. Disons que même nous on a du mal à savoir ce qu’il y a dans notre tête alors ce n’est pas facile pour les gens de l’extérieur de l’imaginer. On a eu un peu de retard au début qui a vite était rattrapé mais nous sommes content du résultat et nous espérons que tu l’es autant que nous. Qui sait, on en a parlé mais peut être qu’on fera un truc sur le parc zone nord, on en a parlé mais il faut y réfléchir, pour nous convaincre il y a une seule chose, c’est de débrider les motos et le reste…
Un grand merci à Titia pour tout ce que tu as fait pour nous, tu as été extraordinaire et tu as certainement le plus beau sourire de l’ancienne route de Toulouse, du lieu dit Crochat et de tout le limousin. Une pensée à tous les gens qu’on a croisé, à toute la famille, grand mère, mère, fille, sœur, mari, papa et tout et tout.
Et enfin un immense merci à Nono et sa petite famille, à Jess et Julien et bien sur Gabin, on a passé un dimanche en famille comme on avait besoin, chez des gens que l’on ne connaissait pas à la base mais qui c’est sur on va revoir vite. C’était dingo.
Prochain article à paraître très prochainement notre périple à l’ARENA de Genève. Des bises à toute l’équipe qui nous suit et spéciale pour ceux qui arrivent au bout de ce texte.